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D'autres poèmes

, 21:33pm

    Chant de la terre
 
 
Le vent s’invite
dans les limbes d’automne
 
L’arbre respire
En lui coule la sève des secrets
 
Le feuillage cuivré s’abandonne
à la terre toute recueillie
 
La terre est accueil
cœur du monde
terreau de vie
linceul d’au delà
 
Le cœur du monde est là
 
 
 
Extrait de « Fruits doux à mer »
Edition Société des Ecrivains
 



Désenchantement

 

Et s'habiller de ces regards

Se vêtir des gestes et des fards

Toutes ces ombres appréhendées

sur les visages entrefilets

 

 

Je te recherche à travers eux

à commettre des gestes frileux

sous le parapluie des secrets

comme le pêcheur aux aguets

 

 

Ma vie s'enfuit aux vents du large

où se brisent sinagots et barges

Les coups d'ailes du cormoran

tentent de faire tourner le vent

 

 

Rien n'apparaît, rien ne délivre

ne verse que ce qui enivre

des parfums de mer à mes envies

pas un sémaphore au creux des nuits

 

 

dans la brume de ma chevelure

En provenance d'un monde obscur

je laisse perdurer mes rêves

sur l'encre rougie de mes lèvres.

 




Extrait de « Fruits doux à mer »
Edition Société des Ecrivains

 

 

  J’attends du jour
 
 
L’aube soulève
une paupière lourde d’étoiles
Le jour s’esquisse
altéré de teintes traversières
Les eaux langoureuses
de la nuit forment sa matrice
 
 
J’attends
avec impertinence
Je déplace mes servitudes
d’un quotidien d’errance
vers un plus tard d’habitudes
 
 
J’attends du jour
qu’il joue divinement
la sonate des heures
qu’il exalte mes sentiments
et de mon paysage les couleurs
Je n’en veux pas de maussade
pas de pleurs tournoyant aux jardins
 
 
J’attends du jour
qu’il installe au ciel sa sentinelle dorée
pour quelques promesses, quelques baies
qui doivent mûrir cet été.
 
 
Extrait de « Fruits doux à mer »
Edition Société des Ecrivains 



Le jour où il n'y aura plus
 
Comme la mer haletante revient sous chaque lune
jeter sa chair au monde
je jette mon impatience aux rives indicibles
des parfums saisonniers
Je pose ma sagesse recueillie en pluie fine
par mes yeux souverains
sur la fleur avenante aux hasards des pétales
qui embaument mes mains

Le parfum du printemps est déposé sur nous
par les oiseaux de lune
et l'encre de leurs plumes

J'attends la symphonie composée blanc laurier
pour cette primevère
Et ce rond rouge-gorge par la lune égayé
m'en chante le couplet
Sous le feu de la forge j'arrive à l'équinoxe
de ma vie traversée de blessures et de pluies

Et je sais que le jour où il n'y aura plus
ces lumières de lune dans mon royaume d'ombres
Je partirai.
 
 
 
Extraits de « Fruits doux à mer »
Edition Société des écrivains




Le sablier et le miroir
 
 
 
Où s'en vont donc nos vies sans autres arrimages
que des cordes de lin rompues sous le naufrage
du premier vent contraire à nos cœurs de faïence
Ne reste que l'envie de rejoindre l'enfance
 
 
Il se glisse souvent aux feuillages teintés
une étrange mouvance de vies parcheminées
Le long de nos rues sourdes aux reflets d'asphalte
les corps las s'avancent au sablier d'albâtre
 
 
On s'arrête en chemin on frissonne étonné
observant l'alentour des instants éprouvés
d'une vie où l'hier est un miroir d'errance
comme une maison vide imprégnée de l'absence
 
 
L'on demeure étranger à l'enfant évanoui
dans notre corps d'adulte mais dans le cœur enfoui
Il suffirait d'un souffle l'odeur d'un fruit doré
pour que renaisse aux yeux la conscience épurée
 
 
Il semblerait ce soir que les arbres ont grandi
Et mes pensées blanchissent ce ciel endormi
Nostalgie s'il est vrai que les arbres ont grandi
ma vie j'ai oublié de vivre jusqu'ici.
 
Extrait de « Terre de faïence »



Un Giotto
 

 

 

Les troncs bleus des bouleaux

se mirent dans l’étang

attentif à la moire naissante

La chair jaune de leurs feuilles d’acanthe

ponctue en gouttelettes d’eau

cette évanescence

offerte à mon cœur qui pleure

comme il pleut ton absence

 

Je meurs et refleuris de toi

Tu me nourris et tu me prives

tu es l’étang, tu es la rive

 

Mes yeux nymphéas en partance

te cherchent dans les reflets

du jour sur l’eau

Tel un Giotto, tu m’apparais

Ton visage ton visage, tes traits

tes yeux, ton corps d’ambre

 

Réminiscence

offerte à mon cœur qui pleure

comme pleut ton indifférence.




Extrait de « Fruits doux à mer »
Edition Société des Ecrivains